24 Novembre 2017
Ces dernières semaines, la presse locale s’est régulièrement faite l’écho des difficultés et des incertitudes sur l’avenir de la clinique mutualiste Malartic. Cet établissement implanté depuis des décennies sur le territoire de l’ouest-Var a bien failli mettre la clé sous la porte lorsque, à l’issue d’un patient processus de réorganisation et de restructuration le repreneur prévu lui a fait faux bond au dernier moment.
Fait suffisamment rare pour être souligné ; les élus locaux, de toutes sensibilités confondues, se sont alors mobilisés dans un élan commun pour défendre Malartic. On connaît aujourd’hui l’issue heureuse de cet inquiétant épisode, la clinique mutualiste a trouvé un repreneur, en l’occurrence le groupe Docte-Gestio.
On peut alors se poser deux questions.
Pourquoi une telle unanimité pour sauver cet outil de santé local ? Qu’est-ce qu’une clinique mutualiste ?
Si les élus locaux, dans leur diversité, se sont mobilisés, c’est bien parce qu’ils sont conscients de l’impérieuse nécessité de faire exister une offre de santé diverse, suffisante et de qualité sur le territoire. En effet si l’offre en santé est globalement suffisante dans notre métropole, force est de constater que les inégalités d’accès persistent. Il est donc vital de faire vivre différents modèles afin d’assurer l’accès à la santé à tous. Et c’est là qu’il faut rappeler l’originalité d’un établissement de soin mutualiste en particulier et de la mutualité en général.
« Le mutualisme désigne un modèle socioéconomique fondé sur la mutualité, action de prévoyance collective par laquelle des personnes se regroupent pour s'assurer mutuellement contre des risques sociaux (maladie, accident du travail, chômage, décès...).»
Le mutualisme est l’héritier des sociétés de secours mutuelles du début du siècle, construites par leurs adhérents afin de palier aux aléas de l’existence alors que notre Sécurité Sociale n’existait pas encore telle que nous la connaissons depuis 1945.
Un modèle non- lucratif. Les mutuelles et les établissements mutualistes n’ont pas pour but de dégager des profits mais de permettre à leurs adhérents (d’abord lorsqu’elles furent créées) et aujourd’hui à tous d’accéder aux soins sans se soucier de leurs moyens. Une mutuelle n’a donc pas d’actionnaires, elle a des adhérents. Sacré différence.
Un modèle solidaire. Une mutuelle vit essentiellement des cotisations des adhérents et reverse donc ses produits sous forme de prestations, ainsi elles ont souvent des taux de redistribution nettement supérieurs à ceux des assurances privées qui elles, doivent rétribuer des actionnaires et proposent des contrats couvrant un risque individuel.
Un modèle démocratique. Une mutuelle est composée d’adhérents qui élisent leurs représentants lors d’assemblées générales, appliquant un principe démocratique ancien : un Homme = une voix. Les décisions des mutuelles sont le fruit d’un processus démocratique qui implique les adhérents dans les orientations de leur mutuelle.
Alors oui quand un établissement mutualiste menacé, dans un contexte de concurrence où certains ne voient la santé que comme un marché parmi d’autres, est pérennisé dans son action, on ne peut que s’en féliciter et lui souhaiter longue vie pour que chacun puisse accéder à la santé selon ses besoins et non ses moyens. C’est aussi cela le mutualisme.