19 Avril 2017
Si je devais retenir une seule proposition de cette présidentielle c’est celle de Benoit Hamon d’interdire les perturbateurs endocriniens.
Non pas que le déficit de l’État, l’Union Européenne, la compétitivité des entreprises, le terrorisme ou le prix des costumes de luxe et que sais-je encore ne m’intéresse pas, mais sérieusement il y a plus urgent, il y a plus vital.
En effet, Benoit Hamon est le seul candidat qui, dès le début de sa campagne a mis en avant des mesures singulières et urgentes comme sa proposition d’interdire les perturbateurs endocriniens. Peut être que j’y suis sensible car la santé, l’écologie et plus largement l’avenir de mes enfants me semblent être de vrais sujets qui comptent. En tant qu’élu à la santé, je ne peux me contenter du peu qui a été développé par la majorité des autres candidats sur le sujet. Pourtant des initiatives citoyennes et militantes ont permis d’ouvrir le débat (comme le site créé par la mutualité française www.placedelasante.fr) mais avez vous entendu les candidats faire des propositions concrètes ? Un seul a pris le sujet à bras le corps : Benoit Hamon.
Oui, aujourd’hui nous sommes confrontés à un enjeu sanitaire majeur. Nous ne voyons pas encore cette montagne qui se dresse devant nous car nous venons à peine de nommer le mal qui est né de la cupidité et de la voracité du capitalisme et d’intérêts industriels puissants qui disposent d’argent et d’armées de lobbyistes.
Le terme de perturbateurs endocriniens a commencé à être utilisé depuis le début des années 2000, c’est à dire hier à peine. La puissance de l’argent a permis aux lobbys industriels jusqu’à maintenant de produire des centaines de molécules dont on commence à percevoir les conséquences : épuisement des ressources alimentaires animales, développement de pathologies chroniques lourdes telles que l’obésité, le diabète de type 2, les cancers du sein, de la tyroïde, des organes génitaux, explosion des syndromes autistiques et de la stérilité chez les hommes comme chez les femmes.
De nombreuses études scientifiques ces dernières décennies montrent des corrélations certaines entre notre mode de vie, notre état de santé et les nouvelles pathologies dont nous sommes de plus en plus nombreux à être victimes. Continuer à penser la santé publique comme un sujet distinct et comparable aux autres éléments programmatiques des candidats à la présidentielle relève d’une erreur tragique. Si le prochain président de la République ne prend pas ce problème à bras le corps et ne crée pas les conditions pour mettre un terme à la domination des lobbys industriels de la chimie, de l’agro-business et des laboratoires pharmaceutiques ; ce sera un pas de plus vers la disparition d’une espèce vivante supplémentaire : la notre. Car au delà de l’empoisonnement de notre civilisation c’est tout simplement notre capacité à nous reproduire qui est mise à mal.
Heureusement, face à ce fléau qui nous guette, des femmes et des hommes de bonne volonté sont de plus en plus nombreux à se mobiliser. C’est le cas de mon camarade le professeur Grillasca, qui consacre une part de ses recherches à comprendre et informer sur le sujet comme hier lors d’une conférence sur les perturbateurs endocriniens. C’est le cas de médecins comme le fondateur de la maison de santé de La Seyne sur Mer, le docteur Guardigli, qui propose des formations concrètes aux futures mères pour prévenir et faire adopter de bons reflexes pour éviter la contamination auprès de leurs enfants en gestation. Car, il faut le dire, s’il ne s’agissait que de choix individuels, on pourrait se rassurer et se dire que cette tempête sanitaire en formation ne sera que passagère. Mais les perturbateurs endocriniens peuvent avoir des conséquences sur plusieurs générations, le scandale du distilbène n’est qu’un exemple parmi d’autres pour nous le rappeler. Il s’agissait d’une molécule visant à éviter aux femmes de faire des fausses couches, prescrite entre les années 50 et 70. Leurs descendantes en payent encore le prix aujourd’hui.
C’est pourquoi il est important, à la veille du premier tour de l’élection présidentielle de se poser les bonnes questions. Si je devais en retenir une seule ce serait celle-ci : quel candidat se demande si ses enfants grandiront dans un monde vivable ? J’ai deux enfants et je me pose souvent cette question. Manifestement c’est aussi le cas de Benoit Hamon. Il fait partie de ces personnes qui se mobilisent, chacun à leur niveau, lui dans cette élection. Cela me suffit pour lui donner mon vote.
Sa candidature permet de mettre ce sujet majeur sur la table et de nous faire réfléchir à quel monde nous souhaitons pour nos enfants et nos petits-enfants. Alors pour aller plus loin et protéger nos enfants, pour changer la vie, je vous invite à vous aussi vous poser cette question et à voter en conscience avec vos convictions.
https://www.placedelasante.fr/
https://www.lesechos.fr/12/01/2015/LesEchos/21853-047-ECH_distilbene---l-interminable-scandale.htm